Alors que je machine toute sorte d’hypothèse dans mon esprit, je pique un sommeil qui me soustrait des angoisses de cette aventure vers l’inconnu. Je suis réveillé par l’avertissement des agents de bord qui annonce notre atterrissage imminent. Aussitôt, mon questionnement revient à l’esprit. La porte de la cabine de l’avion s’ouvre et le soleil chand qui fait l’un des attraits de ce pays nous embrasse comme une personne chaleureuse qui nous souhaite la bienvenue avec les bras grands ouverts. Le soleil se ficèle à travers tout mon corps, la chaleur entièrement confortable qui me donne un bonheur en soi-même. 
                Les préposés à notre accueil arbore des sourires larges, signe d’une réception enchantée et cordiale, un sourire pur, réel, honnête. Ils ne cachent rien, le bonheur et l’amour nous enveloppe immédiatement comme s’il n’y a plus de malheur dans le monde. Pourtant c’est un pays, un peuple, qui, dans nos yeux, n’a rien. Après un simple cinq minutes, mes attentes sont effacés, mes idées me sont échappés, mon cœur et mes yeux sont ouverts, prêt à voir tout ce qu’il y a à voir, à sentir tout ce qu’il y a à sentir, à faire tout ce qu’il y a à faire, et à devenir tout ce que je peux devenir. 
                On arrive au cartier avec les familles d’accueil, nous rencontrons les mères, les pères, les frères, les sœurs, les cousins, les voisins, et chacun nous embrasse. Ils nous saisissent comme si nous étions l’un de leurs. Comme si nous étions leur famille, leur voisin. Dans une seule caresse de ma ‘mère’ j’ai ressenti une appartenance. Un confort. Un amour immédiat, impénétrable, inexplicable. Comment sentir un amour si fort dans une simple caresse? Personne de le saurait. Le sens de communauté, de bonheur, d’appréciation et de foi étaient inconcevable pour ma personne. Nous étions dans ce pays, un monde ultimement différent que la nôtre, depuis deux heures, et je veux déjà y demeurer éternellement. Dans un seul câlin, une simple seconde, j’ai senti une interdépendance, une appartenance auquel je ne pouvais comparer aucun autre moment dans ma vie. Une roche s’est placée dans mon cœur. Une roche qui ne figeait pas, qui me disait que je devais rester, comme je faisais partie de cet endroit. Un endroit que je ne connaissais même pas. Je ne veux jamais perdre cette émotion, ce confort complet, cette appartenance entière, va-t-il y rester pour toute la semaine? Va-t-il dissoudre quand nous retournons au Canada? Dans cet instant, il n’y a pas une partie de moi qui a le désire de retourner sur l’avion, je ne veux jamais revoir le froid de la communauté, le mécontentement, le désespoir, le matérialisme. 
Adelaide Wimpenny
